Il est minuit et demi ici, et le Japon n'a toujours pas retrouvé de stabilité sismique. Au minimum d'une fois tous les quarts d'heure/ vingt minutes, le sol se rebelle sous la contrainte d'une réplique des gros tremblements de l'après midi. Mon appartement tremble, tellement moins que cet aprem mais suffisamment pour occuper la conscience et empêcher le sommeil.
(ah, la terre se remet à remuer.)
L'ensemble des chaines de télé relayent le constat sans cesse grandissant des dégâts. Les statistiques des morts, des blessés gonflent, 300 décédés minimum/ 500 disparus minimum, mais on est encore loin de l'hécatombe finale. Les images catastrophiques des vagues charriant les maisons, les arbres et les voitures, engloutissant des vies humaines tournent encore boucle. On s'y croit habitué, mais non, c'est terriblement effrayant. (ca recommence à bouger furieusement...)
J'ai fait un tour au combini du coin tout à l'heure. C'est un peu l'ambiance fin du monde dans ces magasins. On y trouve des étals vides, plus d'eau, plus de bouffe, et beaucoup de gens faisant la queue pour acheter les derniers vivres. Heureusement, j'avais fait le plein plus tôt. Voilà quelques photos :
Rayon gateaux chips, pains
Rayon bento, onigiri, plats préparés
Rayon boissons, quelques bouteilles d'Evian ont été boudées
Rayon produits laitier, produits frais
Le Japon est extrêmement bien préparé au pire, et du coup cela rassure pas mal. Les bâtiments bénéficient majoritairement de fondations absorbant les secousses. Les procédures en cas de tremblement furent exécutées efficacement, que se soit dans les lieux publics, dans les bureaux, ou même dans les maisons. Des amis travaillant chez NEC m'ont raconté avoir été tout de suite pris en charge individuellement par le personnel de sécurité, vérifiant les éventuelles blessures, informant efficacement les gens, etc.... Dans les habitations les arrivées de gaz sont coupées automatiquement. Mes détails sont très peu exhaustifs, mais vous pouvez ainsi imaginer la discipline naturelle et le sang froid qui ont caractérisé la réaction des japonais.
Pas de panique désorganisée, pas de cris dans les rues, personne n'a fini piétiné par une foule incontrôlable, et il n y a pas de scène de pillage en vue.
(tremble tremble tremble la terre...)
Tous les hôtels affichent complets, même ceux gratuits mis à disposition spécialement et le nombre de taxis ne comble en rien la demande. Il reste tout de même impressionnant de constater comment les métros ont repris rapidement un service minimum.
Les refugiés sont pris en charge dans les écoles, les gymnases et beaucoup d'autre abris. J'entends en ce moment la télé citer un par un les noms de ses pauvres personnes pour qui la nuit semblera éternelle, et je pense aux familles rassurées en entendant le nom d'un proche en sureté.
Un maximum d'équipes de sauvetages a été déployé dans les zones sinistrées. Les téléphones publics sont débloqués pour permettre à n'importe qui de joindre des proches où des secours. De mon côté, j'ai eu de la chance, mes proches sont sains et saufs, les familles de certains sont sans électricité mais en vie. J'ai même un ami en voyage qui n'a absolument rien senti. Ouf.
Voilà, je vous remercie vraiment pour tous vos messages de soutiens (aux japonais et à moi), particulièrement appréciés par ma mère que j'ai eu en pleures par skype. M'man ! T'inquiète pas, à Tokyo nous sommes chanceux.
Il est tard, 1h20 mat, et les ronflements de la Terre se font sentir.
Bonne nuit !